Kintsugi

Littéralement jointure d’or, le kintsugi est un art japonais qui consiste à réparer la vaisselle ébréchée, cassée, avec un remplissage de laque et une finition à l’or. 

Le kintsugi est révélateur de la culture japonaise, qui porte une grande attention aux objets, souvent considérés comme habités de spiritualité. Les Japonais éprouvent du remords pour les ressources gaspillées.  En même temps, l’esthétique zen du wabi-sabi, entretient l’idée que la patine du temps donne de la valeur aux choses et aux êtres et les rend plus beaux.

Alors qu’en Occident on vise à remettre l'objet dans son état d'origine et à donner l'impression que l'objet réparé n'a jamais été endommagé, le kintsugi met en valeur le destin individuel des objets qui font de nos maisons des lieux vivants, en devenir.

L'artisan va travailler à rassembler les morceaux de l'objet brisé afin que son histoire perdure. L’opération est longue à réaliser, coûteuse, le temps, les matériaux. La finition dorée n'est que décorative. Les pièces sont entièrement réparées avec des couches de laque traditionnelle japonaise urushi, matière naturelle et solide, dont l'histoire remonte à près de dix mille ans. 

Imaginez un monde où la beauté se trouve dans l’imperfection.  Où loin de refouler les marques et les blessures du temps, celles-ci sont célébrées et polies de soin, d’amour et de poudre d’or.

Accepter la cassure comme faisant partie de la vie. “II y a une fissure en chaque chose, c'est ainsi que la lumière peut entrer” dit le poète*. 

Prévenir plutôt que réparer est naturellement l'objectif premier des soins de la peau au Japon. Entretenir, nourrir et protéger sont ainsi au cœur du rituel de beauté japonais, essentiel et délicat, qui accompagne l’acceptation de soi et commence par un bon nettoyage en douceur.

*Leonard COHEN, Anthem, Album CD: The Future, CBS/Sony, 1992.

Photographie: Motoki Tonn

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